Le SALON des POETES

Grandeur & Décadence

Sur le col d'une majestueuse
Et grande chaine montagneuse,
Se dresse une forteresse lumineuse
A l'architecture orgueilleuse.

Ultime et fière défense symbolisant
La grandeur d'un empire décadent.
Et qui chaque fois, courageusement,
Repoussa les assauts conquérants.

La gloire de ces murs pourtant
ne vaut que par tout le sang
Versé par les combattants
A travers les ages et le temps

Réjouissons nous, elle est en ruines,
Abandonnée. Encore elle fascine
Des secrets oubliés qu'on imagine
Du passé elle est devenue la vitrine.

L'Amour ?

Prenons par exemple deux tourtereaux
Comme il se doit, ils sont beaux,
Et s’aiment d’une furieuse passion,
De celle qui vous emporte comme un tourbillon

Une passion qui illuminera toute leur vie
D’un souvenir unique à leur cœur.
Et tout le monde croira, en crevant d’envie,
Qu’aimer avec fureur, c’est çà le bonheur.

Comme le feu, l’amour éclaire ou éblouis,
Il réchauffe ou consume, il élève ou détruit.
L’extase des sens, l’ivresse d’émotions,
Hors de toute raison, voilà la passion.

La violence éphémère d’un feu de paille
Consume bien trop vite sa substance
Et bien souvent il n'en reste que vétilles
Quand ce n’est pas cendres et souffrances.

Ne vous y trompez pas, je suis comme vous:
Ces élans du cœur fouettent le sang,
Mettent votre quotidien sans dessus dessous
Et donnent à la vie un éclat inconnu avant.

Mais l’amour n’est pas qu’éblouissement
Il est cette lumière qui nous guide constamment
Et sa valeur ne peut être estimée honnêtement
Qu’à l’aune de sa durée dans le temps.

Vous êtes toutes pleines de surprises
Et je suis heureux de constater
Que maintenant Eir ait osé se lancer
A partager un de ces œuvres qu’elle thésaurise

Je suis bien ennuyé maintenant
A voir révélé tant de sensibilités,
Tant de talents, tant de douleurs cachées
J’en trouve mes vers bien fades, trop pédant.

Surtout Mesdames, Mesdemoiselles,
Continuez, je vous prie, de donner
Ainsi à tous une petite parcelle
De vos cœurs et de vos pensées.

Le Paradis

Vraiment quel bel endroit que le Paradis !
Où sera satisfaite chacune de nos envies,
Où toute contrariété sera à jamais bannie.
Que de promesses dans cette utopie !

Hélas comme toutes choses, il a un prix
Qui consiste surtout à être bien soumis,
A respecter, sans faute, tous les interdits
Pour avoir là-bas ce que jamais nous n’aurons ici

Vraiment quel bel endroit que le Paradis !
Pour le mériter certain sacrifient leur vie
Innocentes victimes, sciemment abruties
Pour, de leurs mentors, le plus grand profit.

Vraiment quel bel endroit que le Paradis !
Hors de l’espace, du temps et de la Vie
Sans désirs, ni plus aucuns stimuli
La sagesse et la paix se muent en ennuis.

Vraiment quel bel endroit que le Paradis !
Pour nous manipuler c’est un des outils
Qui permet que de l’essentiel on soit divertis
On cède à la paresse, on vend notre Esprit

Vraiment quel bel endroit que le Paradis !
Celui-là ne plaît pas ? Prenez celui-ci !
Vous ne voulez pas celui de Jésus Christ ?
Rêvez donc de peoples, d’argent et soyez éblouis

Vraiment quel bel endroit que le Paradis !
Sans cesse là-bas, ou ailleurs, il est promis
Alors que c’est en nous qu’il est enfoui
C’est la sagesse, la paix et l’harmonie.

Vraiment quel bel endroit que le Paradis !
Il se trouve, s’entretient et se construit
Parfois on le perd, on l’oublie, parfois on se punis
Parlez suffit pour qu’avec les siens on soit réunis

Vraiment quel bel endroit que ce Paradis !
Où l’on peut parler sans cachotteries ni cérémonie
Où il n’est nul besoins de jouer la comédie
Où l’on se permet, enfin, d’être épanouis.

Equilibre

L'imagination est parfois notre pire ennemi
En cela qu'elle exacerbe nos appréhensions
Elle peut déformer jusqu'à nos perceptions
Et nourrir nos angoisses, nos peurs à l'infini

L'imagination est parfois notre meilleur amie
Elle permet d'envisager toutes sortes de solutions
Elle sublime nos rêves et nos aspirations
Et nourris d'espoir nos modestes vies.

Cycles

Que sont devenus mes jolis rêves d'enfant
Confrontés à la réalité et à l'usure du temps...
J'essaie parfois d'imaginer ce qu'il adviendrait
Si je devais rencontrer l'enfant que j'étais.

Je serais compatissant, à la pensée de ce qui l'attend
Mais que verraient mes yeux de jadis, mes yeux innocents ?
Serais-je fier de ce que j'ai construit, ce que je suis devenu ?
Ai-je su sauvegarder mon âme, l'ai-je vendu ?

Qu'il est bien difficile de parler de mes choix honnêtement
Et en parler, à moi-même, enfant, serait incommodant:
Comment expliquer, sans me justifier, que le monde est imparfait ?
Mais sa route est mon passé et rien ne pourra le changer.

En réalité ce dialogue est bien possible, maintenant
Mon fils est cet enfant à qui je peux parler à présent.
Comment le faire profiter de mes expériences passées
Quand ma patience est éprouvée de ne pas être écouté ?

Mais je ne peux pas lui en vouloir un instant
Moi-même, ai-je bien écouté mes parents ?
Alors je dois faire de mon mieux pour le guider
Et lui permettre de voler de ses propres ailes, libéré.

Personne

Aïe, Aïe, Aïe, ça y est, le réveil a sonné
C'est l'heure de se lever, de se préparer
Une haleine de chacal, la tête dans le pâté
C'est au radar que je prépare le café

Une fois rafraîchi, douché et caféiné
Je prend mon sac et part travailler
Aujourd'hui formation, je suis motivé...
Ce fut la mort mais je vais pas épiloguer.

Non, non la journée n'est pas terminée
Les tâches se succèdent à un rythme effréné
Si si si je vous jure, là, je suis crevé
Un peu d'internet et je vais me coucher.

Pas étonnant que je ne vois plus le temps passer
Les jours, les semaines, les mois, les années
Défilent à une cadence qui ne cesse d'accélérer
Mes enfants grandissent si vite... où sont donc mes bébés ?

J'ai maintenant deux tornades et
Pour eux, par contre, chaque journée
Semble sans fin, durer une éternité
Emplies qu'elles sont de nouveauté

Que suis-je donc devenu ? Un adulte blasé ?
Déjà usé, alors qu'il me reste trente années
à cotiser sans espoir de pouvoir en profiter
Ça y est je m'énerve, je vais me fâcher.

A l'image de ce texte, est la vie dans nos sociétés
Des mots, du vent, du temps perdu en accéléré
Pour sauvegarder l'illusion de notre liberté
Divertis de l'essentiel pour mieux nous en priver
Nous nous abreuvons de propagande et de publicités
Comme des enfants malheureux, capricieux, pourris-gâté
Nous exigeons toujours plus de plaisirs instantanés
Qui donc veux que nous nous mettions à penser ?
Pas plus nous même que ceux qui ne cessent d'en profiter

Personne...

L'unique Différence

Souvenez vous de Rome, son Empire, sa décadence
Son peuple tenu par les jeux, et l'illusion de puissance
Souvenez vous de Rome, ses temples et son panthéon
Souvenez vous que Rome est aussi tombée par la Religion.

Et ces barbares qui attaquèrent l'Empire il y a si longtemps,
Qui ont su user et battre les fameuses et puissantes légions,
seraient, aujourd'hui, des terroristes mis au banc des nations
Mais parmi ces clans, n'y en a t-il pas un appelé Francs ?

Aujourd'hui plus de colisé, mais des stades et la télévision
Plus de gladiateurs, mais des affrontements, présentés en émissions
Nous avons aussi nos empereurs, leur bling-bling, leur opulence
Ouvrez les yeux, hier, aujourd'hui, combien de différences ?

La liberté ??? la Démocratie ??? croyez vous en ces mots ?
Ils sont l'apanage de privilégiés, de nantis et d'intellos
Ces principes sont bafoués chaque jour à tous les niveaux,
Et les chaînes de l'esclavage aujourd'hui s'appellent: agios

Je suis révolté, horrifié car à ma connaissance
ouvrez les yeux: la seul, l'unique, différence:
De l'antiquité à aujourd'hui les mêmes hommes
mais qu'aurait fait Néron s'il avait eu l'atome ?